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Le refus de la VEO n'est pas du laxisme
Vous l'avez probablement remarqué, quand on parle d'éducation non violente ou de parentalité positive, les termes qui reviennent souvent sont ceux "d'enfants rois" ou de "parents laxistes".
Il semblerait que pour une grande partie des gens, derrière ces termes, se cache une horrible secte (référence à un commentaire reçu il y a quelques mois sur ma page facebook ) de parents laissant leurs enfants faire tout ce dont ils ont envie sans intervenir dans leur éducation "pour leur bien". Promettant ainsi une génération de terribles enfants rois qui domineront le monde d'ici quelques années. Oui, oui, n'ayons pas peur des mots ! C'est exactement ce que ces personnes pensent.
Il faut dire qu'elles ont de quoi le penser non ? Nous vivons dans un monde si paisible peuplé de personnes empathiques, sans aucune criminalité et sans aucune menace pesant sur notre pays.
Attendez... Quoi ? Ce n'est pas tout à fait ça ?! Mais comment est-ce possible ?
Avec une éducation telle qu'elle est évidente dans les esprits de la plupart des anti-bienveillance, le monde ne tourne pas rond ? Non !! Vraiment ??
Mais comment est-ce possible ? Comment les coups, les insultes, les punitions à tout va et les "tais toi enfant, moi adulte je suis ton maître et tu te dois d'obéir sans réfléchir" ont pu ne pas nous offrir LE monde parfait.
Comment la violence éducative ordinaire (VEO pour notre "secte") a-t-elle pu engendrer de la violence ?! C'est illogique ! "Une bonne baffe n'a jamais tué personne" ! Et je ne vous parlerai pas des 2 enfants qui meurent chaque jour en France sous les coups de leurs parents, ça serait trop réducteur.
C'est vrai, tous les enfants qui reçoivent des coups de temps en temps, ou même plus fréquemment, ne meurent pas et fort heureusement. Mais si eux ne meurent pas, leur estime, leur confiance en eux, leurs espoirs, leur personnalité, leur cadre de référence, tout ceci en prend un coup et tout ceci fait que la violence c'est normal.
Et pourtant, pour ces mêmes personnes qui prônent la VEO, la violence n'est pas une solution. Contradictoire me direz-vous ? Oui et non, la violence est considérée normale quand ça concerne un enfant mais pas envers un adulte.
Un enfant donc, un être qui ne peut pas riposter face à un adulte ou pas avec la même force dirons-nous (oui je vous entends venir les "ben moi mon fils me frappe donc si il riposte !") peut tout à fait recevoir une gifle, une fessée, une tape sur la main ou sur la tête. C'est un enfant bon sang, il faut bien qu'il apprenne les choses.
Et c'est bien connu que pour qu'une chose soit bien ancrée dans le cerveau, il faut pour cela littéralement la marteler, tel un marteau enfonçant un clou dans une planche. C'est sûr que si on dit au clou d'entrer tout seul dans la planche, il ne le fera pas. C'est pareil pour les enfants non ? Ah attendez, on me dit qu'un clou est un objet alors qu'un enfant est un être humain digne de respect ! Sorry !
Donc pourquoi lever la main dessus pour lui apprendre les bonnes manières ? Ça vous viendrait à l'esprit de frapper votre collègue pour qu'il comprenne ce que vous lui demandez ? Ou votre patron parce qu'il vous a refusé une augmentation ? Ou une vendeuse parce que votre taille de vêtement n'est plus disponible en magasin ?
Evidemment, je sais bien que ça n'est pas pareil, ça n'est pas comparable et dans un sens c'est tout à fait vrai.
Car un enfant est un être en plein apprentissage et parmi ces apprentissages il y a celui très important et très compliqué de la gestion des émotions (apprentissage que certains adultes n'ont toujours pas acquis soit dit en passant) et celui du respect.
Et vous savez quoi ? Le respect ne s'apprend ni par les coups ni par les insultes ? Vous respectez vous quelqu'un qui vous dénigre ou vous parle comme un chien ? Quelqu'un qui vous menace de "vous en coller une" parce que vous lui avez volé sa place de parking ?
Honnêtement moi non, soit j'ai peur si la personne a l'air vraiment menaçante et capable de passer à l'acte, soit je me dis que c'est quelqu'un de perturbé ou de mal élevé.
Alors pourquoi un enfant apprendrait-il le respect à base de coups et de critiques ? En quoi cela serait-il différent pour lui ?
La différence c'est juste qu'il n'aura pas reçu le bon exemple et que cela lui paraîtra normal.
A la sortie de l'école j'entends souvent des mamans se plaindre de leurs enfants qui sont détestables, vulgaires et violents. Mamans qui se tournent alors vers l'enfant en question pour lui dire "Calme-toi tout de suite ou je te baisse ta culotte devant tout le monde pour te mettre une fessée et tu te taperas bien la honte !" (je n'invente malheureusement pas cette phrase).
Et bien évidemment, ces méthodes me choquent car elles ne me correspondent pas et car je ne peux m'empêcher à l'adulte que deviendra cet enfant, ou juste à l'enfant qu'il sera avec les autres.
Et si je dois passer pour une mère laxiste, baba cool, permissive, démissionnaire et j'en passe, soit ! Pensez bien ce que vous voulez !
Je sais que mes enfants sont polis, que nous n'avons que très rarement besoin de leur demander de dire "bonjour, au revoir, merci, svp, pardon".
Je sais qu'ils savent que les coups c'est moche et que ça n'apporte rien, ce qui bien entendu ne les empêche pas d'en faire l'expérience, mais ils sont rappelés à l'ordre car oui je ne me contenter pas de leur dire "Ouh c'est pas bien, il ne faudra plus le refaire" mais je leur explique pourquoi ça ne résout rien et pourquoi personne, ni adulte, ni enfant, ne devrait avoir le droit de lever la main sur quelqu'un d'autre.
Je sais qu'ils sont capables de s'excuser de leurs comportements, que ça soit à l'instant T ou plus tard.
Je sais qu'ils savent qu'ils peuvent exprimer leurs émotions avec nous car nous ne les renions pas et que ça leur donne une très forte empathie pour à leur tour reconnaître et accepter les émotions des autres. Et ça leur évitera d'être des adultes frustrés par tout un tas d'émotions refoulées qui ne demandent qu'à sortir.
Car une émotion refoulée ne disparaît pas, elle s'accroche à l'intérieur et ne demande qu'à ressortir, plus violente à chaque fois. Comment puis-je en être si sûre ? Parce que je subis moi-même toutes les émotions qu'on m'a fait refouler enfant et que j'ai ensuite refoulées moi-même par habitude. Des émotions qui sont tellement ancrées que j'ai un mal fou à m'en séparer. Des émotions si fortes, si vives et si douloureuses (autant pour moi que pour les autres d'ailleurs) que je ne souhaite pas que mes enfants vivent la même chose.
Donc oui mes enfants font des crises dans les magasins, dans les manèges ou à la sortie de l'école, ce sont des êtres humains et la parentalité positive n'évite en rien tous ces débordements émotionnels qu'ils peuvent rencontrer. Elle leur permet juste de s'exprimer et si vous ne supportez pas de voir un enfant faire une crise, c'est probablement que la colère est un sujet tabou pour vous.
Combien de fois voit-on un adulte ruminer sa colère, en reparler régulièrement pendant des mois voire des années ? Moi la première d'ailleurs ! Mais quelle en est la raison ? Peut-être tout simplement parce qu'on a a toujours dit que c'était mal d'être en colère. Et pourtant c'est une émotion vitale et nécessaire qu'il convient de laisser s'exprimer afin de repartir sur de bonnes bases.
Je parle surtout de la colère car c'est un sentiment qui dérange et qui est souvent pointé du doigt quand on critique l'éducation bienveillante. Car ce n'est pas toléré d'exprimer des émotions négatives, c'est très mal vu et, du coup, ça permet de faire des raccourcis tels que :
parentalité positive = crises (colère) = enfants rois
Et pourtant, le seul terme qui pourrait résumer la bienveillance éducative aussi succinctement, c'est "accompagnement" car accompagner un enfant ça signifie tellement de choses !
Cela implique de l'accompagner physiquement bien sûr mais surtout émotionnellement, l'accompagner dans la recherche de sa propre identité et non pas lui imposer celle que l'on souhaite qu'il ait, c'est l'accompagner dans la reconnaissance, l'acceptation et le respect de ses émotions et ce afin qu'il se développe de la manière la plus saine possible et sans obéir de manière bête et disciplinée car il a peur.
Je ne souhaite pas que mes enfants me craignent, je souhaite juste qu'ils s'épanouissent et j'ai beau leur accorder beaucoup de libertés que je juge bonnes, voire nécessaires, à leur apprentissage, cela ne m'empêche en rien d'être ferme et de me faire respecter par eux, bien au contraire.
Tags : bienveillance, parentalité positive, laxisme, enfant roi, jugement, education, veo, violence educative ordinaire
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