• De l'autre côté du haut potentiel

    Quand les gens apprennent que Big Brother est diagnostiqué HP, les réactions sont multiples. Parmi elles, il y a le parent jaloux ou concurrentiel qui affirme que son enfant l’est également (et c’est parfois le cas je ne dis pas le contraire) ou celui qui s’extasie en disant qu’il est, et que nous sommes, chanceux car il aura un parcours scolaire sans failles et fera ce qu’il veut. Alors oui certains HP sont comme ça mais pas tous, et pas le notre.

    Déjà j’insiste sur le fait que c’est un psychologue qui a posé ce diagnostique et qu’en aucun cas nous ne l’avons consulté dans ce sens. La première fois que nous l’avions vu c’était pour un problème tout autre quand Big Brother avait 2 ans et demi, un problème de lâcher-prise pour aller aux WC. Qui aurait pu penser que cette première consultation nous pousserait à tant d’autres ? 

    J’insiste également sur le fait que jamais je ne mets en avant cette particularité, sauf ici où je me permets de l’évoquer plus facilement et sans prétention aucune, bien au contraire. J’en parle aux gens quand on me pose des questions sur Big Brother et que celle-ci nécessite d’être abordée.

    Ce que la plupart des gens ne savent pas c’est que le HP n’est pas toujours un cadeau, c’est d’ailleurs la première chose que nous avait annoncé le psy en même temps que son diagnostique et je n’aurais jamais pu deviner à quel point il avait raison !

    Les gens pensent réussite scolaire, facilités d’apprentissage et parcours sans faille et ça peut l’être bien sûr mais il y a aussi énormément d’autres facettes et un risque important d’échec scolaire.

    Et oui, avoir des facilités d’apprentissage ne signifie pas qu’on ait envie d’apprendre ce qui nous est imposé ! Et c’est là que le bât blesse...

    Big Brother comprend énormément de choses, même trop pour son âge. Le psy utilise régulièrement l’image d’un moteur de Ferrari dans une cacahuète. Une grande puissance refrénée par un format trop petit.

    En gros une intelligence très développée mais pas toutes les clés pour l’utiliser. Car il faut savoir que l’évolution émotionnelle et l’expérience de vie sont toutes aussi importantes dans l’acquisition des compétences intellectuelles et sociales.

    Ce qui peut générer énormément de frustrations. Et oui, le Big Brother a grandit avec l’habitude de ne pas fournir d’efforts et quand il doit en fournir un légèrement plus important c’est pour lui un échec ! Si il n’y arrive pas instantanément c’est parce qu’il est un incapable et qu’il ne saura jamais le faire. Ce n’est bien entendu pas du tout la réalité mais c’est ce qu’il pense dur comme fer. Et dure comme fer est également sa détermination à ne pas essayer puisqu’il n’y arrivera jamais !

    Alors imaginez le nombre de ruses dont il faut user pour réussir à le faire travailler dans ces cas là ! Et user est le mot idéal parce que je peux vous assurer qu’on en arrive à ne plus savoir quoi faire pour l’aider. 

    D’autant plus que sa frustration le rend agressif verbalement, autant envers lui qu’envers les autres (surtout ses parents) et c’est épuisant d’en prendre plein la tête parce qu’il n’y arrive pas. Alors qu’en réalité c’est juste qu’il n’essaye pas pour ne pas se risquer de se confronter à un échec. 

    Et tous les encouragements possibles ne changent rien car il les démonte aussitôt, persuadé qu’il est de ne jamais réussir. Il se veut infaillible et le moindre effort est une faille pour lui.

    Alors parfois il ne veut pas travailler et le montre à force de cris, de larmes et de portes qui claquent ou parfois en répondant la première chose qui lui passe par la tête pour pouvoir répondre « Tu vois ! Je sais pas faire ça je suis trop débile ! » quand on lui dit qu’il s’est trompé (même en y mettant les formes).

    Big Brother a toujours eu un fort besoin de réassurance, de réconfort et d’encouragements, ce que nous avons fait pendant de nombreuses années et que nous faisons encore bien sûr. Mais parfois c’est tellement épuisant de lui répéter toujours les mêmes choses sans résultat, qu’on finit par perdre patience et dire le contraire de ce qu’on pense.

    Alors oui j’avoue, de colère et de frustration (je ne suis pas parfaite non plus !) je lui ai déjà dit qu’il avait raison et qu’il n’y arriverait jamais car je n’en pouvais plus de me battre avec lui pour un malheureux exercice !

    « Un malheureux exercice » pour moi, un risque trop important d’échec pour lui. Difficile d’être sur la même longueur d’onde quand on sait qu’il sait le faire mais qu’il ne veut « simplement » pas s’y risquer.

    Les encouragements ne fonctionnent pas, le soutien non plus et les menaces encore moins. Et oui, la patience et la gestion de la frustration face à lui ne font pas partie de mes qualités.

    Il a le don de me faire exploser, de me mettre dans le même état que lui, celui dans lequel je lui reproche d’être... 

    Si il n’arrive pas à faire un exercice et que je ne lui donne pas la réponse, son échec est de ma faute. Car oui, selon lui, je le fais exprès pour le torturer, si si. Tout comme sa maîtresse qui est si nulle quand elle lui donne des devoirs qui ne lui conviennent pas. Les maths c’est ok, il adore. Mais le français n’y pensons même pas ! C’est une conspiration pour le rendre fou ! Et j’exagère à peine malheureusement.

    D’ailleurs sa maîtresse est « tellement nulle » qu’en cette période de confinement, elle a pensé à lui trouver des exercices à faire en ligne tout en le dispensant de faire les cours classiques. Mais non en réalité elle a prévu ça parce que c’est beaucoup plus dur que ce qu’il fait habituellement !! Quel sadisme...

    J’ai souvent l’impression qu’il refuse toute l’aide que chacun veut lui apporter car il a décrété que non il n’apprendrait pas ces choses là.

    Et je peux vous garantir que c’est psychologiquement éreintant. D’autant plus en cette période si particulière. Alors clairement pour les cours et les exercices actuellement, on fait ce qu’on peut. D’autant plus qu’il n’est pas seul et que je sature de devoir tout le temps prendre des pincettes avec lui, d’ailleurs en ce moment je n’arrive plus à en prendre.

    Big Brother est probablement trop « perturbant » pour moi. Il peut être aussi détestable qu’adorable et je ne sais jamais sur quel pied danser avec lui. A tel point que je sens que je suis sur la défensive.

    Il peut tout aussi bien nous hurler dessus tel un ado en crise que nous sauter dessus pour faire un câlin et j’en suis au point où je trouve les deux options agressives.

    Ce que j’avais envie de décrire ici c’est que le HP est souvent loin d’être une bénédiction car ce n’est pas juste un enfant « précoce » qui a des facilités d’apprentissage ou de l’avance sur son âge. D’ailleurs, de nos jours le terme « précoce » est souvent utilisé à tort et à travers. C’est bien plus complexe que ça et personnellement je me serais bien passée de découvrir ce monde.

     

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