• Un si lourd potentiel

    À chaque fois que je sors du cabinet du psy je suis abasourdie, comme si on m'avait violemment giflée ou assommée. Cette fois n'a pas fait exception...

    Big Brother a discuté seul avec lui comme à l'accoutumée, puis il est venu nous chercher pour le compte-rendu de la consultation.

    Nous ne savons pas tout ce qui s'est dit mais nous savons l'essentiel. Et, peut-être est-ce parce que j'ai moi-même consulté plusieurs psychologues, mais ça ne me dérange pas vraiment. L'important étant que Big Brother ait pu être entendu et compris.

    Le psychologue semble toujours un peu étourdi aussi après ses entretiens avec Big Brother. Il nous a même dit qu'il avait plusieurs fois vérifié son âge durant la consultation car "ça ne collait pas avec son discours".

    Il a même ajouté qu'en près de 30 ans de carrière il n'a jamais vu un enfant comme ça. Non pas de manière péjorative mais en terme d'évolution.

    Selon lui, Big Brother a 5 ans mais il a la finesse d'analyse et la justesse d'utilisation du langage d'un adolescent, voire d'un jeune adulte. Comme si il avait justement déjà tout le vécu d'un adulte derrière lui.

    Je vous avoue m'être demandée si il n'avait pas hérité de mon lourd vécu durant ma grossesse. On transmet tellement de choses bien avant la naissance et les enfants sont de telles éponges...

    Je n'aurai jamais le fin mot de l'histoire, mais si tel est le cas, j'en suis désolée, car Big Brother ne profite pas de son enfance avec toute l'innocence dont peut faire preuve un enfant.

    Il a une innocence enfantine, il a bien entendu réellement 5 ans, d'autant plus émotionnellement. Mais cette innocence est cernée d'angoisses toutes plus profondes les unes que les autres.

    Des angoisses dites archaïques, comme la peur de l'abandon, qu'un enfant doit finir par dépasser à moins d'être "trop" intelligent pour ça. Ces angoisses sont alors intellectualisées et tournent en boucle, tel un cercle vicieux infernal.

    Quand le psychologue a demandé à Big Brother de lui parler de ses peurs, il a cité les fantômes et ajouté "Mais je ne sais pas dire pourquoi, c'est étrange."

    D'après lui, un enfant est incapable de parler comme ça avant l'adolescence au minimum, l'analyse de ses propres émotions étant un processus qui s'acquiert avec le vécu, et pas celui qu'on a après 5 courtes années passées sur terre !

    Il nous a alors conseillé de le laisser parler de ses émotions quand il nous dit qu'il n'est pas bien. Mais à la condition de pouvoir le laisser jouer seul ensuite.

    Tout simplement car le fait de parler de ses émotions va les raviver et le jeu va lui permettre de faire diversion et de refouler ses angoisses.

    Seul, car ainsi il apprendra peu à peu le refoulement et n'aura pas besoin d'un tiers pour l'orienter. Ça deviendra un automatisme pour lui.

    C'est important qu'il puisse prendre ce réflexe afin de ne pas se laisser dévorer par ses émotions. Elles ont été évacuées par la parole mais sont toujours présentes dans son esprit et si il ne se concentre pas sur quelque chose de plus gai, il ressassera et sera plus "difficile", à fleur de peau.

    C'est le même principe qu'un adulte qui va au cinéma pour se changer les idées ou qui fait le grand ménage quand ça ne va pas.

    Principe de refoulement qui s'acquiert à partir de 11 ans...

    Le but des consultations est donc de lui permettre d'acquérir ce principe bien avant ses 11 ans.

     

    Pour finir, je tiens à préciser que chaque chose que je relate ici a été dite par un professionnel, qui plus est un professionnel reconnu dans la région.

    Pourquoi cette précision ? Tout simplement parce que je n'arrive pas à me sortir de la tête le commentaire d'une personne posté  il y a environ un an sous un article de presse évoquant les enfants précoces :

    "Les enfants des blogueuses sont tous surdoués lol."

    Non les enfants de blogueuses ne sont pas tous surdoués mais c'est tout simplement parce que celles qui en ont s'exposent et ressentent le besoin d'en parler qu'on peut avoir cette impression.

    Je suis fière de mon fils et fière de son intelligence mais je peux vous assurer que j'aurais souhaité qu'il n'ait pas ce potentiel qui le ronge chaque jour. 

    J'aurais souhaité qu'il puisse profiter de son enfance en toute innocence et sans être cerné d'angoisse sur la mort à tous les sens possibles et imaginables.

    À tel point que quand il me demande pourquoi les feuilles tombent, je n'ose pas lui répondre qu'elles sont mortes mais plutôt qu'elles flétrissent. 

    Alors non ce n'est pas pour se vanter qu'on parle de son enfant à haut potentiel mais parce que ça nous fait peur tout simplement !

    Peur qu'il soit incompris dans cette société conventionnelle, peur qu'il soit en échec car il ne rentre pas dans le moule des élèves classiques, peur que ses pensées morbides prennent le dessus et finissent par le détruire, voire pire.

    Et ce genre de commentaire ne fait que prouver que la société, où la concurrence et le dénigrement font loi, n'est toujours pas prête à accepter un enfant qui sort du lot, d'une manière ou d'une autre d'ailleurs. Car c'est exactement pareil pour les enfants souffrants d'un handicap, d'autisme, de trisomie 21 ou de toute autre chose que les petits esprits si obtus considèrent "hors normes".

    La normalité n'est qu'un mot, dont la définition change d'une personne à une autre. Et pour moi la seule normalité est de pouvoir être soi, tout simplement. 

    Un si lourd potentiel

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    « Il est dur celui-là !Un Noël presque Zéro Déchet »

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