• Je suis à bout. De nerf, de patience, de force... Je pleure quand mon médecin me demande si ça va, comme si j'étais incapable de lui mentir alors que je réponds toujours poliment "oui" devant toute autre personne. 

    Et quand je commence à pleurer, j'ai l'impression que les larmes appellent les larmes et que je ne m'arrêterai jamais. Les larmes sont d'habitude apaisantes mais là non. Elles sont juste intarissables.

    Je n'ai dormi que quelques heures cette nuit, et pas plus d'1h30 d'affilé. Babyglu est perturbé par ma reprise du travail et hurle quasiment toute la nuit depuis quelques jours. Je le berce, lui redonne un biberon, l'installe à côté de moi, change sa couche, lui remet sa tétine... Il se calme à peine quelques instants et recommence. A tel point qu'il a réveillé ses deux frères.

    Big Brother est d'ailleurs également fort perturbé par cette première rentrée et peine à s'endormir. Il se réveille plusieurs fois la nuit, me demande où j'ai passé ma journée.

    Seul Babycool l'imperturbable, le bébé qui s'adapte à tout, n'a pas changé.

    Et moi je ne sais pas. Je les observe, je m'occupe d'eux, des démarches pour la maison et la prochaine, des cartons pour le déménagement, je travaille. Mais j'ai cette drôle d'impression de n'être que spectatrice de ma vie, de tout voir, tout faire, mais sans aucune réflexion, tel un robot. Je marche à l'instinct, au radar, sans trop savoir comment je tiens.

    D'ailleurs est-ce que je tiens vraiment ? Ma patience diminue, voire disparaît. Je pleure pour un rien, je rêve de passer une semaine totalement seule et déconnectée de tout.

    Je n'arrive plus à écouter réellement les futilités des autres, ni leurs problèmes. Je suis là sans être là. Mon esprit semble s'être finalement déconnecté sauf que je dois continuer à tout gérer parce qu'au final, je suis toujours là moi. Enfin, la partie physique est toujours là.

    Au fond, je ne suis plus moi. Mon optimisme à disparu avec ma capacité à trouver un avantage à chaque situation. J'ai la tête sous l'eau et je culpabilise. Quelle mère peut se laisser sombrer ainsi avec 3 enfants de 11 mois et 35 mois ?

    J'ai beau savoir que le burn-out existe mais c'est chez les autres, pas chez moi. Moi je suis juste une mère épuisée qui n'a pas fait de vraie nuit complète depuis 35 mois. Mes "nuits complètes" se résument à un ou deux réveils dans la nuit et c'est déjà une victoire, une chance.

    Le manque de sommeil, le pire ennemi des parents, une torture. Et pourtant, je ne suis pas une grosse dormeuse donc ça n'est pas grave. C'est ce que je dis mais mon corps semble penser différemment. Mon dos me fait souffrir, ma tête va exploser, les acouphènes me rendent folle.

    Mais ce n'est pas ça le burn-out. C'est pire et je ne peux pas m'auto-proclamer en burn-out, je ne suis pas médecin.

    Je ne me reconnais pas mais ça vient de moi. J'ai peut-être tout simplement changé. Mais si c'est le cas, je n'aime pas cette personne et je l'aime de moins en moins.

    Je cherche un appui mais quand je regarde autour de moi il n'y a personne. Les ruptures familiales ça isole et ça empêche de s'attacher aux autres. Pourquoi prendre le risque de s'attacher si c'est pour être déçue, abandonnée de nouveau ?

    Et de toute façon, je suis incapable de déléguer. C'est probablement lié d'ailleurs. Au moins, je sais comment sont faites les choses quand c'est moi qui les gère.

    Mais au fond de moi, je souhaite tellement entendre d'une personne que ce que je fais c'est bien, que je gère justement, que je m'en sors. Et non pas que je ne travaille pas assez, que ses journées sont plus épuisantes que les miennes, que je suis "la mère parfaite" et que "j'ai tous les droits" à cause de mon vécu, sur un ton tellement ironique et dédaigneux que j'ai juste envie de tout plaquer, d'abandonner, de lâcher prise.

    Me noyer pour de bon et ne plus souffrir, ne plus culpabiliser de ne pas être la mère que je souhaiterais.

    Mais je ne peux pas, je ne peux pas abandonner mes enfants. Ils ont besoin de moi, probablement dans un meilleur état mais ça n'est pas possible pour le moment. Je n'y arrive pas, je n'y arrive plus.

    Je m'excuse par avance pour ce pavé mais j'en avais besoin. Ça ne changera probablement rien mais ça m'a soulagée quelques instants. 

    Burn Out or Not Burn Out ?

     

     


    4 commentaires
  • Run baby, run

    Je cours, je vole, sans arrêt je cours.

    Mon corps ne suit plus, mon esprit non plus et pourtant rien ne m'arrête dans cette course folle.

    Les jours sont trop courts, il faut y caser le maximum de choses. Si je ne le fais pas, qui le fera ?

    Je suis essoufflée, énervée (comme ce mot me paraît différent vu comme ça !) et en même temps habituée, donc pourquoi changer ?

    Et si je ne cours pas qui le fera ? Qui pensera pour 5 ? Voire pour 4, car mes besoins sont désordres dans ces journées millimétrées.

     Je ne peux pas faillir, surtout en ce moment. Paperasses, travaux, trio, cartons, médecin, école, activités (maison heureusement !). Le quotidien en somme ! Ce que chacun vit et ce que moi je cours.

    Je ne fais plus rien sans penser à la prochaine chose à faire, et à la suivante, et la suivante...

    J'anticipe tellement que je ne vis plus dans le présent, je ne sais plus.

    Prise au piège dans cette spirale infernale...

    Je suis partout et à la fois nulle part, tellement éparpillée en espérant désespérément que le temps s'arrête, au moins le temps de tout remettre à niveau.

    Repartir à zéro...

    Je flotte, je coule, je me noie et pourtant je suis toujours là à courir encore et encore, et encore...

    D'ailleurs j'y retourne, je dois courir pour ne pas rater mon train ! Le travail m'attend !


    votre commentaire
  • Les jumeaux

    Je n'aurais jamais pensé un jour avoir des jumeaux. Je n'étais pas contre l'idée mais je n'étais pas non plus spécialement pour. Depuis ma grossesse géméllaire, j'ai rencontré beaucoup de personnes qui me disaient que c'était leur rêve ou leur hantise. Pour moi ça n'était ni une peur ni un rêve. Je n'y avais tout bonnement jamais songé ! 

    Et puis est arrivée ma seconde grossesse avec ses prises de sang. Ma gynéco en fait toujours faire deux à 48h d'intervalle pour que le résultat soit plus sûr. Après avoir reçu les résultats de la seconde prise de sang elle m'a appelée, toute excitée : "Vous savez, vu les taux (HCG) il y a de fortes chances qu'il y en ait deux." J'étais tellement heureuse d'être enceinte que je pense ne pas avoir réalisé immédiatement ce que cela impliquait. Je me rappelle tout de même une phrase qu'elle m'a dit et qui m'a interloquée "Vous comptez faire quoi ?". Pourquoi on peut y faire quelque chose ?! 

    La joie de la grossesse était toujours là et elle n'a jamais été entachée par le fait qu'il y ait deux bébés. Au contraire, c'était un sentiment incroyable de me dire qu'il y avait deux petits êtres qui grandissaient en même temps dans mon ventre. Une grossesse simple est déjà magique en soit mais là c'était encore plus fort. Je ne portais pas seulement LA vie mais DES vies, LES vies. J'avais eu la chance de vivre une grossesse "simple" moins de deux ans plus tôt et cette fois j'avais le privilège de vivre une grossesse gémellaire. 

    Alors il y a bien eu des angoisses oui. Comment allais-je faire pour allaiter et m'occuper de deux bébés tout en m'occupant de Big Brother ? Comment Big Brother allait-il réagir ? Arriverais-je au terme de la grossesse ? Les deux seraient-ils toujours là et en bonne santé ? La voiture devrait être changée et la maison que nous cherchions à acheter ne devait plus avoir 3 mais 4 chambres !

    Et oui, en toute honnêteté, les jumeaux c'est tout un bouleversement, ça change une vie et ça demande de l'organisation mais c'est également magique. Comme je le dis souvent, c'est une expérience et j'ai la chance de pouvoir la vivre.Et je pense sincèrement être privilégiée.

    Seuls les parents de jumeaux (et autres multiples d'ailleurs) ont la chance de voir des interactions inédites entre des bébés. Des mains qui se cherchent à travers les barreaux du lit, des courses poursuites à quatre pattes et même des encouragements et du soutien ! Evidemment ça existe aussi avec des enfants d'âge rapproché mais ce n'est pas tout à fait pareil, là ce sont bien deux bébés, deux frères, strictement du même âge.

    Quand Babyglu pleure dans sa chaise-haute en attendant le repas, Babycool lui pose une main rassurante sur l'épaule et il s'apaise. Quand Babycool a un peu de purée sur la joue, Babyglu tend sa main pour l'essuyer. Quand Babyglu s'est mis debout pour la première fois, Babycool l'a applaudit. Quand ils ont du mal à s'endormir le soir, on les retrouve souvent collés aux barreaux de leur lit et se tenant la main. Les doudous passent d'un lit à l'autre...

    Ils ont la chance d'avoir connu leur moitié dès les premiers instants de la grossesse et c'est quelque chose qu'on ne pourra jamais leur enlever, qui fera toujours partie d'eux. Une complicité s'est nouée dès les premiers instants et elle est telle que seul un autre couple de jumeaux peut la comprendre.

    Au début, j'avais peur qu'ils ne soient pas proches, qu'ils ne s'entendent pas. Leurs caractères sont tellement différents ! Mais au fil des mois, j'ai pu voir croître leur complicité et leurs échanges et je sais que leurs différences les rapprochent et les complètent. Et c'est quelque chose de magique et d’indescriptible. 


    4 commentaires
  • Lettre ouverte à toi, l'inconnu

    Cher inconnu,

    Cela fait des mois que je bouillonne à chaque fois que l'on se rencontre. Des mois que je meurs d'envie de t'adresser ces quelques mots chaque fois que tu te permets de t'immiscer dans ma vie. Des mois que je souris poliment face à tes remarques déplacées ou que je fais semblant de ne pas t'entendre pour éviter d'être agressive et impolie.

    Ne t'es-tu jamais demandé comment tu te sentirais si à chaque sortie tu entendais inlassablement les mêmes remarques ? Si je venais fouiner dans ton caddie pour voir ce que tu manges ou si je jaugeais tes enfants comme tu jauges les miens ? Si je te demandais si ta fille est une vraie blonde ou si ta femme s'est fait refaire les seins ?

    Cela te paraît inconvenant n'est-ce pas ? Et pourtant, à chaque fois que je sors en famille tu as ce comportement ! Alors je vais te dire une bonne chose, non le fait d'avoir des jumeaux ne fait pas tomber ma famille dans le domaine public ! Et non cela ne t'autorise en aucun cas à te pencher au dessus de ma poussette double avec ton hygiène douteuse et à ameuter tes amis pour comparer mes fils !! Aurais-tu apprécié que je me penche sur le berceau de ton enfant pour l'observer telle une bête de foire ?

    Mes fils sont des jumeaux certes mais ce sont avant tout des bébés ! Tout simplement deux bébés qui ont été conçus en même temps et sont nés le même jour. Je t'explique un peu le principe des jumeaux puisqu'il semble t'échapper quand tu me demandes si ils sont nés le même jour ou si ils sont du même père...

    D'ailleurs en parlant conception, ton fils tu l'as eu de manière naturelle ou tu as été aidé ? Comment ça cette question est déplacée ?! Mais tu me la poses pourtant tous les jours ! Mince, je pensais qu'on était intimes ! Ben oui quoi, tu me demandes comment ça se passe chez moi, si ça n'est pas trop dur, si je m'en sors.

    Néanmoins, tu ne sembles jamais satisfait de ma réponse quand je te dis que ça roule. As-tu besoin d'être rassuré ? De voir que c'est plus dur pour moi que pour toi pour te dire que tu ne t'en sors pas si mal ? Je ne te ferai pas ce plaisir, d'autant plus que effectivement je m'en sors et probablement mieux que toi puisque la politesse et le respect ne me sont pas inconnus !

    Autre chose, es-tu au courant que ta pensée n'est pas universelle ? A chaque fois que tu vois mes 3 merveilleux garçons tu me dis "Ça arrive", "C'est dommage.", "Il va falloir faire la quatrième". Est-il réellement impossible pour toi de concevoir que mes 3 garçons me comblent de bonheur et que je ne souhaitais pas avoir de filles? Que je me fichais tout bonnement du sexe de mes enfants ? Et que j'adore jouer aux voitures, aux dinosaures et à la bagarre avec eux ? Certes, je n'ai pas eu le choix du roi mais je suis la reine de 4 hommes. Est-ce que tu peux en dire autant ?

    Alors voilà cher inconnu, dans le fond je ne te demande qu'une chose, ignore-moi comme moi je t'ignore et ça se passera mieux pour tout le monde ! Je ne suis pas contre le fait de m'ouvrir aux autres, mais pas de cette façon. Revois tes manières et tout se passera bien entre nous...


    4 commentaires
  • Depuis quelques temps P. est assez difficile et j'ai l'impression que c'est de pire en pire chaque jour.

    Il faut dire que depuis la naissance des twins, il y a eu beaucoup de changements et donc de stress.

    La construction de la maison et toutes ses péripéties, le duo à gérer, l'attention de papa et maman divisée par 3 et l'entrée en maternelle.

    Ces derniers mois ont donc été difficile pour tout le monde et nous lui avons probablement communiqué énormément de stress. Sachant que c'est un enfant déjà angoissé à la base, ça n'a rien arrangé. 

    Il s'oppose assez sauvagement, nous répond, nous frappe (rarement mais tout de même). Plus J. et S. grandissent et plus il s'en prend à eux. Je sais pertinemment que ça n'est pas méchant, que c'est juste une manière de se distinguer d'eux mais c'est assez difficile à gérer. Il les frappe, s'assied sur eux, les cache sous des couvertures, leur jette de l'eau à la figure durant le bain, les pousse et j'en passe ! Et j'avoue que la peur me fait souvent mal réagir. J'ai donc l'impression de passer mon temps à hurler et à répéter toujours les mêmes choses, sans aucun succès malheureusement.

    Evidemment, quelle logique y-a-t-il quand je lui crie dessus alors que je lui demande moi-même de ne pas crier ?!

    Il a déjà une peluche réservée pour exprimer sa colère, il sait qu'il a le droit de la frapper, la jeter, lui faire tout ce qu'il veut pour se défouler et évacuer sa colère. Il a également le droit d'aller dans la salle de bain et crier jusqu'à se sentir mieux. Malheureusement, il refuse ces options depuis quelques semaines.

    Les règles de vie

    J'ai donc établi avec lui une liste de règles de vie et j'ai cherché des images afin d'illustrer ces règles puisqu'il ne sait pas encore lire. D'ailleurs, les pictogrammes pour les règles 1 et 3 proviennent du blog Danger Ecole.

    L'illustration pour exprimer les sentiments correspond aux figurines Chokotts (en vente chez Oxybul et Okaïdi) qui représentent chacune une émotion et qu'il a à la maison. Il n'en a pas besoin pour exprimer ses sentiments mais ça l'aide de temps en temps car il nous délivre des messages sans s'en rendre compte. 

    Et maintenant, je crois les doigts pour que ces visuels fonctionne !!!

    Et vous, quelles sont vos astuces dans une telle situation ?

     

     


    votre commentaire