• La peur

    La peur

     

    Je suis en train de lire « Et il me parla de cerisiers, de poussières d’une montagne » d’Antoine Paje et dès le début du livre, un extrait m’a frappée :

     

    « Je sais que le mot « peur » choque, qu’on le refuse. Ça ne fait jamais plaisir d’admettre que l’on a peur. On a l’impression que les gens vont soudain vous prendre pour une serpillière. Alors on cherche des synonymes acceptables. On évoque le mal-être, le stress, l’inquiétude, l’incertitude, l’appréhension, les réactions d’autrui, la crise la mondialisation ou même le passage d’une vague comète. Bref des choses logiques, carrées. Des choses extérieures à nous, provoquées par telle ou telle situation. Ou alors on ne dit carrément rien. »

     

    Vous n’êtes pas sans savoir que je me remets souvent en question, et à juste titre, je souffre d’automatismes contre lesquels je lutte chaque jour avec plus ou moins de résultats.

     

    Et ça fait un moment que je sais que la colère est encore fortement présente en moi. Mais qu’est-ce qui la provoque finalement ? Avoir vécu tout ça ? Non, pas vraiment, car ce qui est resté c’est la Peur.

     

    Celle avec un grand P, celle qui prend aux tripes et qui empêche de réfléchir. Celle qui prend le dessus, qui prend le volant et qui nous guide envers et contre tout vers une réaction reptilienne, sauvage.

     

    La peur de reproduire, qui inclut finalement que les choses se reproduisent, qu’elles ne soient pas terminées. J’ai peur de faire les mêmes choses à mes enfants et au fond de moi j’ai peur de subir encore.

     

    La peur de ne pas être à la hauteur, qui induit la peur d’être critiquée, d’être remise en question par quelqu’un d’autre que moi-même. La peur du jugement en somme.

     

    La peur de blesser et la peur d’être blessée, émotionnellement. Celle qui rend agressif au point de repousser les autres. « Ne m’approche pas, tu ne risqueras pas de me faire du mal comme ça. » Celle qui rend con aussi...

     

    La peur de perdre de nouveau les gens que j’aime. On ne va pas se leurrer, ma mère m’a fait ce qu’elle m’a fait mais c’était ma mère et je l’aimais. Et je n’aurais pas pu subir pire rejet. Même si notre relation était loin d’être idyllique, le fait qu’elle m’ait rejetée a une forte symbolique.

     

    Tellement forte et tellement ancrée en moi qu’il m’arrive moi-même de repousser mes enfants par peur qu’ils m’abandonnent à leur tour, ce qui serait pire que tout. 

    Pas consciemment, pas sur le coup en tout cas, mais oui ça m’arrive parce que ma carapace est trop forte et parce que mon ego ne supporte plus le sentiment de rejet qu’il interprète désormais de manière erronée.

     

    J’ai longtemps pris pour du rejet un simple refus ou une réponse qui ne vient pas, et depuis quelques temps c’est revenu. Je perds confiance en moi et si les choses ne se passent pas comme elles devraient (et comment devraient-elles se passer d’abord ?) ou comme je l’avais imaginé, je suis déstabilisée et je me sens rejetée.

     

    Toujours cette peur qui me domine, qui prend les rênes et qui me pourrit la vie.

     

    Cette peur qui me régit et me donne trop souvent l’impression d’être une petite fille en quête d’approbation.

     

    Une petite fille qui cherche à plaire ou qui ne sait rien, ou pas autant que les autres dont la parole n’est pas légitime. 

     

    La peur de la mort, qui me fait imaginer les pires scénarios : perdre mes enfants, mon mari, mon frère ou ma propre vie en laissant mes enfants derrière moi.

     

    Cette Peur que j’ai si longtemps cachée derrière un nonchalant « c’est rien je suis de nature stressée c’est tout. » Mais non ce n’est pas rien, ce n’est plus rien.

     

    Cette Peur qui a amené avec elle quelques phobies plus ou moins ridicules :

     

    - la coulrophobie qui est la peur des clowns et qui s’étend pour moi à tout ce qui est marionnettes, automates, mimes. La peur de ce qui est masqué, de l’inconnu, de ne pas savoir et donc de ne pas contrôler.

     

    - l’arachnophobie que vous connaissez tous et que j’ai développé pendant ma première grossesse en pleurant et en m’imaginant ces immondes bestioles pénétrer dans les narines ou la bouche de mon fils, l’empêchant de respirer.

    La peur également de ne pas contrôler tout ce qui se passe chez moi, une araignée est entrée et n’a pas à être là. Je ne maîtrise pas leur venue ni leur irruption et ça me rend littéralement malade.

     

    - l’haptophobie qui est la peur du toucher.

    Je ne supporte pas le contact de certaines matières comme la terre, la viande ou les pâtes à gâteau par exemple. Je ne supporte pas ce qui reste sur mes mains, m’empêchant de les utiliser librement et donc d’être (je vous le donne dans le mille) dans le contrôle.

     

    Mais c’est aussi la peur d’être touchée. Je ne supporte pas les contacts qui ne sont pas à mon initiative, encore moins quand ils arrivent « par surprise » ou quand je suis en colère ou provenant d’une personne en colère et même avec mes proches. 

     

    Et ça en arrive au point où si j’achète des vêtements d’occasion j’ai du mal à les porter même après les avoir lavés, car j’ai l’impression de sentir un contact inapproprié sur ma peau. 

     

    Je ne supporte pas non plus qu’on me touche les genoux, chose dont je n’avais jamais compris le sens jusqu’à ce que je réalise que quand on touche le genou de quelqu’un on le fait fléchir, lui faisant donc... perdre le contrôle de ses jambes.

     

    En écrivant tout ça je réalise que ma vie est régie par la Peur. Peur qui induit un incompressible besoin de contrôle qui lui même induit une Peur maladive de perdre le contrôle.

     

    Autant dire un cercle vicieux infernal et un bordel sans nom.

     

    Je ne pensais pas en déballer autant sur moi en commençant cet article. Je pensais juste vous ouvrir les yeux sur la peur dans notre quotidien, et finalement ce sont m

     

    es yeux qui se sont ouverts sur moi. 

    « Des débuts difficiles La pratique des accords Toltèques avec vos enfants »

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